Dans mon Rosemont se trouve Dominique Porter

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Dans mon Rosemont se trouve Dominique Porter

DANS MON QUARTIER SE TROUVE? 

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DANS MON ROSEMONT SE TROUVE DOMINIQUE PORTER

Dominique Porter est un artiste rap depuis la fin des années 90 au Québec. Tout récemment, il nous a présenté son tout nouveau vidéoclip et d’ailleurs le 1er depuis son retour dans la musique intitulé « J’ouvre le bal ». My Urban Map a donc réalisé une petite entrevue avec Dominique Porter afin d’en savoir un peu plus sur sa vision de la musique et sur lui tout simplement.

En quelques mots, pour les gens qui ne te connaissent pas, qui est Dominique Porter ?

DM : Je compte plusieurs cordes à mon arc. À la base, je suis un homme d’affaires, j’ai des entreprises depuis que j’ai 16 dans différents domaines qui n’ont rien à voir avec la musique. Je suis loin d’être riche mais je suis un entrepreneur aguerri. J’ai surmonté de nombreux défis dans ma vie, j’ai gagné mais aussi perdu souvent. Je suis aussi actif politiquement dans l’ombre. Je pose des actions concrètes sans nécessairement les publiciser, ni manifester, etc.

Par contre au niveau musical, Dominique Porter est un artiste qui a beaucoup d’expérience. J’ai plus de 300 shows à mon actif dont plusieurs en Europe. Je freestyle, je battle, je beatbox, je ghostwrite, j’organise des événements, je produis etc. J’ai aussi fait partie de plusieurs groupes dont Triple Tek Soundcrew (1999-2000), Chemistry (2000 à 2010), Chemistronic (2010 – 2012), M7R Crew à Marseille (2012 – 2013) et tout récemment, Les MTLers. J’ai participé à plusieurs projets internationaux et aussi collaborer avec plein d’artistes américains et européens dont Ruste Juxx, DTF, Okrat, Chapso et quelques autres. Je fais maintenant mes débuts francophones sur la scène québécoise.

Tu as annoncé ton retour dans le rap au Québec, à quoi est dû ce retour et pourquoi avoir décidé de faire du rap en Français ?

DM : La musique me manquait beaucoup. J’avais pris une pause de 2 ans pour monter une entreprise où j’avais investi tout mon temps et argent. Pendant ce moment, j’ai aidé un peu mes amis de DTF, un groupe de rap parisien, à monter leur structure plus administrativement et ils ont eu un énorme buzz instantané extrêmement mérité et je crois que ça a été une partie du déclenchement de mon retour.  Ça m’a vraiment redonné le goût. Aussi, pendant le temps des fêtes 2015, j’ai pris 2 semaines de vacance pour la première fois en 2 ans. J’ai décidé d’écrire une chanson, ensuite 2, 3, 4 et je me suis rendu à 54 chansons en 3 semaines. J’ai monté un plan d’affaires, recruté une bonne équipe et trouvé un label pour que le tout se concrétise. Mon équipe se compose de MC Nikkie (Hypeman), Jacky Benjamin (Backer), Royal (Choriste), DJ Fabulous (DJ et technicien de son), Manute (Tour manager) et Brand 4e régiment (Studio d’enregistrement). J’ai aussi un associé à Paris, Legrand Bemba-Debert. Nous avons fait une entente de label à label avec Silence d’Or. LA ou une des plus grosses boîtes au Québec donc nous sommes bien contents du deal, ils sont toujours là pour moi. Mon nouveau label se nomme Dom Porter Music. Nous annoncerons aussi la signature de quelques artistes d’ici très peu sous notre ordre.

Pendant quelques mois sur les réseaux sociaux, tu posais beaucoup de questions reliées au rap québécois, étais-ce une préparation pour ton retour ? Si oui pourquoi ?

DM :  Je suis content qu’une personne le remarque et je vois que tu as fait tes recherches. Il n’y a absolument rien de laissé au hasard quand je démarre une entreprise et j’ai appliqué la même formule à ce projet. Donc oui, ça faisait partie  d’une étude de marché sur les goûts des fans, voir les plateformes qu’ils utilisent, ce qui leur plait et leur plait pas, leurs habitudes de consommation, etc. Ma femme a de bonnes bases en psychologie dû à sa formation donc avant de me lancer dans l’aventure et d’investir, j’ai ajouté 200 jeunes sur mon Facebook (100 gars, 100 filles) qui sont tous des fans de rap québécois et nous avons monté un genre de profil psychologique sur le fan typique de rap Queb. Je ne veux pas dévoiler les résultats car ce fut un long travail mais je peux dire que nous avons monté notre image de marque, notre promotion et ce qui s’en vient bientôt en tenant compte de ces résultats. Par contre, comme je l’expliquais précédemment, tout le côté musical vient de Dom Porter le rapper (mon côté artistique) et non de Dominique Porter (L’homme d’affaires). Les chansons sont écrites par rapport à mon univers musical, mes goûts, ce que j’avais vraiment envie de faire pour moi et non pour plaire. Je tiens absolument à rester musicalement authentique en production et suivre mon modèle d’affaires efficacement et assidûment, pour ma promotion et le reste.

Tu as l’air d’avoir un bon sens du marketing et de la gestion au niveau artistique, comment as-tu appris cela ?

DM : Tout d’abord, j’ai lancé ma première entreprise quand j’avais 16 ans sur un coup de tête qui fut une des meilleures décisions de ma vie. L’entreprise a vite fait faillite car nous n’avions aucune expérience mais nous avons énormément appris. Un an plus tard, j’ai lancé une seconde entreprise dans le même domaine mais là j’ai eu un bon succès. Nous sommes restés ouvert 3 ans et avions plus de 70 employés lorsque la compagnie était à son apogée et un bon chiffre d’affaires. J’ai par la suite ouvert et fermé d’autres entreprises. J’ai appris sur le tas.  Pendant de nombreuses années, ma plus grande faille était justement le marketing. J’ai eu beaucoup de difficulté à passer de l’ère avant et après les réseaux sociaux car la « game » a changé du tout au tout autant en affaires qu’en musique. J’ai donc décidé de retourner aux études après 14 ans d’absence et j’ai complété mon BAC en administration des affaires à l’ESG. Étant donné que j’avais un plan déjà établi, ça m’a énormément aidé. Une autre chose par contre qui m’a beaucoup aidé est de lire plein de livres sur le sujet. Pour ceux qui n’aiment pas ou n’ont pas le temps de lire, je vous invite à aller sur mon compte Pinterest (Dom Porter Music). J’ai mis une trentaine de capsules intéressantes sur le marketing de la musique et de ce qu’ils appellent maintenant le New Music Economy. J’ajoute toujours de nouvelles capsules. C’est un MUST. Je tiens à rajouter par contre que je suis loin d’être parfait en marketing et que je continue à apprendre à tous les jours. Elle est là la clé du succès, ne rien prendre pour acquis et toujours continuer à s’instruire, peu importe notre âge ou nos connaissances.

Crois-tu qu’en 2016 il est important pour un artiste rap d’être capable de s’autogérer, se promouvoir et avoir un certain niveau de compréhension des réseaux sociaux ?

DM :  C’est maintenant essentiel de s’autogérer car les labels n’investissent plus, ou pratiquement jamais plus, sur un artiste ultra talentueux mais qui n’a aucun buzz. Si on ne maîtrise pas les réseaux sociaux, c’est presque impossible de réussir et j’en ai goûté les frais dans le passé. C’est pourquoi les labels misent de plus en plus sur les jeunes autant comme artistes qu’en tant qu’employés pour gérer leurs plateformes. Les jeunes artistes ont un avantage non négligeable par rapport aux artistes plus vieux maintenant car c’est eux qui vivent et qui grandissent dans la nouvelle ère des réseaux sociaux. Il y en a par contre peu qui semble le savoir et l’exploiter au Québec. Être un artiste maintenant est beaucoup plus complexe qu’avant. C’est 20% de ton temps à créer et 80% du reste à promouvoir ton art. Tu dois donc être un homme d’affaires avant tout, que tu portes un complet ou non. C’est pourquoi aux USA et en France, plusieurs artistes de la rue réussissent dans la musique grâce à leur street knowledge. Le premier exemple qui me vient en tête est PNL qui a pris le guide de comment faire de la promotion musicale dans les années 90 et ont carrément fait tout le contraire. Aucune entrevue, aucune publicité et ils sont maintenant disque d’or. Nous verrons de plus en plus d’histoires de la sorte. Vous pensez vraiment que Beyonce et Jay Z sortent des albums surprises pour faire plaisir aux fans? Non, ils viennent juste d’économiser un montant fou en publicité de leur album. J’aimerais aussi ajouter qu’en plus des réseaux sociaux, l’arme la plus importante en 2016 est une adresse email. Une mailing list bien gérée vaut de l’or. Pensez à Myspace qui a perdu tout son buzz du jour au lendemain, ça pourrait arriver avec n’importe quels réseaux sociaux. Vous ne perdrez jamais vos fans si vous avez leur adresse courriel. Pensez aussi que 1000 fans fidèles qui vous donnent 10$ par mois pour un service quelconque (album, chandail, chanson, etc), ça fait quand même 120 000 dollars par année. Il n’y a pas d’argent à faire en musique? Jugez par vous-mêmes. Il suffit d’être innovateur à tous les niveaux.

Tu dis vouloir donner un coup de main à la relève musicale en termes administratifs et de gestions, comment vas-tu t’y prendre et comment les gens peuvent te contacter à ce propos ?

DM : Je vais lancer très bientôt (Début Juin) un blog qui se nommera Penses, Focus et Agis. Il sera dédié à la relève musicale peu importe le domaine. Je vais donc lancer des capsules hebdomadaires sur différents sujets importants pour les artistes, aurai des invités influents pour les aider, leur fournirai un tas de liens essentiels, etc. Je vais aussi faire des capsules mensuelles où les fans pourront me poser leurs questions et je leur répondrai en live. Je serai aussi disponible par courriel en tout temps et offrirez des séances de coaching approfondi pour ceux qui veulent vraiment s’investir dans leur art. Je suis assez réceptif aux gens malgré que je travaille énormément. J’ai plein de jeunes qui m’écrivent déjà et ça me fait vraiment plaisir de les aider comme je peux pour l’instant avant que la plateforme soit vraiment prête. J’ai aussi mon compte Pinterest où j’ai un tableau avec un tas de capsules sur le sujet comme je disais plus tôt. Les artistes peuvent me joindre au info@domporter.com.

Dans ta biographie, cela est dit que tu as plusieurs projets à nous présenter, quel est ton prochain projet et de quoi parlera-t-il ?

DM : Comme je l’expliquais, j’ai écrit 54 chansons en 3 semaines en décembre 2015, j’en ai maintenant une soixantaine d’enregistrées. Je vais lancer 2 projets disponibles gratuitement en téléchargement cet été et mon premier album officiel verra le jour à l’automne 2016. Je vais aborder différents sujets dans mes projets. D’abord, je vais parler de la rue. Malgré mon background entrepreneurial, je suis un gars qui vient du street. J’ai grandi et habite toujours dans Rosemont (Pie Ix). Je veux donc servir de modèles positifs pour les jeunes de la rue mais des régions également comme quoi il est possible de s’en sortir en travaillant légalement. Je n’ai pas toujours été un ange et j’ai fait ce que j’avais à faire dans le passé mais je peux affirmer que si tu es capable de gérer des business de rue, tu peux devenir un entrepreneur redoutable car ce n’est pas un compte d’Hydro qui va t’empêcher de dormir le soir. Par contre, les sujets ne seront jamais aborder de façons moralisatrices et ce ne sera pas un album lourd ni dépressif comme on voit souvent dans le Rap Queb. La vie est belle si tu fonces et si tu travailles fort. Pas facile mais belle. Je vais aussi aborder les stéréotypes de la nouvelle génération assez spéciale avec laquelle on vit. Je compte ensuite lancer un autre album au printemps 2017. Par contre, ce projet, qui se nomme Vol 420, se démarquera totalement de ce que j’ai fait auparavant. Ce sera un projet musicalement plus poussé avec des instrumentaux très actuels mais avec des samplers inspirés des années 70. Nous voulons monter des shows à la Motown avec des choristes et un band live. Nous comptons faire la tournée des festivals au Québec à l’été 2017 avec ce projet.

Tu as voyagé en Europe, peux-tu nous parler de ton impression sur le rap là-bas, comment se porte-t-il ?

DM : Le rap en Europe est assez impressionnant. À Marseille, sur chaque coin de rue, il y a un rapper plus talentueux que l’autre. Je trouve que la scène marseillaise est très similaire à celle québécoise. Il y a plusieurs rappers talentueux mais pas trop d’unité, les gars n’ont pas nécessairement un buzz de fou et ce sont toujours les mêmes artistes en tête d’affiche malgré le talent fou des autres rappers moins connus. Pendant un bon moment, les rappers marseillais étaient toujours parmi les meilleurs vendeurs en France mais aujourd’hui, mis à part Jul, ce n’est vraiment plus le cas. Dans l’hexagone par contre (Paris), c’est tout le contraire. Des rappers de cités, peu connus peuvent faire un buzz incroyable et aller chercher des millions de vues. Je pense à DTF, MMZ, Djadja & Dinaz et plein d’autres. Il y a énormément de talents la bas aussi mais la différence c’est que je crois que les rappers peuvent espérer vivre de leur art un peu plus facilement dans la capitale française. La plus grande différence par contre est au niveau des fans. En France, les fans qui soutiennent un artiste sont fiers de contribuer aux succès de ce dernier. En achetant des albums, chandails, places de concert, etc. Ils se disent que si un des leurs peut sortir de la cité, bien c’est tant mieux. Espérons qu’un jour, nous verrons la même chose chez nous.

Depuis ton retour dans la scène rap au Québec, quels changements as-tu remarqués depuis tes débuts en 90 ?

DM : Le plus gros changement que j’ai remarqué est le talent. Dans les années 90 et même au début 2000, souvent nous avions des rappers quand même connus qui n’avait pas vraiment d’aptitudes, ne rappaient pas dans les temps et avaient l’air plutôt d’un cliché que d’un groupe rap sérieux. Tous les goûts sont dans la nature, mais je peux affirmer qu’au moins aujourd’hui, les rappers Queb ont beaucoup plus de skills qu’avant. Le professionnalisme des labels s’est beaucoup amélioré aussi. Je me rappelle dans le temps les gens voyaient Iro Prod comme des génies administrativement alors qu’ils ne faisaient que ce que tout le monde aurait dû faire en fin de compte. Soit être professionnel, respecter ses deadlines, ne pas faire 30 fautes d’orthographes dans un post promo, etc. Aussi, avec la montée en popularité d’artistes comme Souldia, Sadik, Northsiders, etc, ça a montré qu’au Québec on peut quand même faire du rap street assez hard et bien faire sa promo, vendre des disques et être professionnel quand même. Longtemps au Québec, à part quelques rares exceptions, les gangsters rappers si on peut les appeler ainsi étaient très mauvais administrativement tandis que les rappers qui étaient très bon administrativement rappait mal ou était très soft. Ce qui laissait découler que la scène ici n’était pas sérieuse, d’où l’appellation de Rap de garderie par Booba. Peut-on dire qu’il avait tort? Je ne crois pas. Heureusement, ça s’est énormément amélioré à ce niveau.

Finalement, que peut-on te souhaiter pour cette année ?

DM :  Ce que je souhaite cette année est d’abord de monter mon fan base de plus en plus. Je ne m’attends pas du tout à fracasser des records de vente avec mon premier album mais je compte y aller graduellement et y arriver. J’ai un bon chemin à rattraper et j’en suis conscient. Heureusement que je suis un artiste très productif. Je compte donc rattraper le temps en lançant plusieurs projets par année. Je souhaite aussi prendre de plus en plus de place sur la scène des battles francophones. J’aimerais faire quelques gros events lors des Word Up ou autres grosses ligues pour avoir la chance l’an prochain de battle à l’international. Finalement, cette année j’aimerais faire de bons spectacles (grosses foules) et avoir la chance de jouer dans quelques festivals. On part en France au début Juin pour le Midem, plus grosse foire commerciale de musique au monde. J’espère donc faire plusieurs autres dates en France et trouver un tourneur régulier là-bas. Je souhaite aussi que mes entreprises continuent à croître et que tout se passe bien à ce niveau.

Nous vous invitons à visionner le dernier vidéoclip de Dominique Porter intitulé J’ouvre le bal

 

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Entrevue par : Andrée-Anne Bohémier (MyUrbanMap)

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